Le programme de développement communautaire quadriennal de l’International Cocoa Initiative visait à donner à 75 communautés productrices de cacao les moyens de lutter contre le travail des enfants. L'analyse de ICI montre que le programme a permis de réduire la prévalence du travail dangereux des enfants et son importance par rapport à un groupe cible, et d'accroître l'accès des enfants à l'éducation.

En 2015, avec le soutien des membres de son Conseil d'administration, la Fondation International Cocoa Initiative (ICI) a lancé son programme de développement communautaire dans 75 communautés productrices de cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana. Ce programme visait à donner aux membres de la communauté les moyens de mettre en place des projets de développement centrés sur l'enfant dans le but de lutter contre le travail des enfants. Complétant une précédente évaluation externe du Bureau du développement rural intégré (Bureau of Integrated Rural Development), cette analyse de ICI montre que le programme a effectivement réduit la prévalence du travail dangereux des enfants et sa gravité dans les deux pays.

Réduire l'exposition des enfants aux travaux dangereux

En Côte d'Ivoire, le programme a réussi à réduire la prévalence et l’importance du travail des enfants. La prévalence du travail dangereux des enfants est passée de 62 % (estimation) dans les communautés témoins à 51 % dans les communautés assistées. Ce qui correspond à une réduction de 17 %. Au Ghana, les estimations indiquent également une réduction de la prévalence du travail des enfants, mais celle-ci n'est pas statistiquement significative.

L'analyse montre également que lorsque les enfants ont continué à travailler, le programme a réduit la gravité de leur exposition au travail dangereux. En Côte d'Ivoire, le nombre moyen de tâches dangereuses effectuées et le nombre d'heures et de jours de travail par semaine ont diminué, en comparaison avec les communautés témoins. Au Ghana, le nombre d'heures et de jours travaillés a diminué. Ces résultats soulignent l'importance de prendre en compte les impacts au-delà de la participation au travail des enfants lorsqu'on mesure le succès d'un programme.

Améliorer l'accès à une éducation de qualité

Les membres de la communauté ont identifié la mauvaise qualité des infrastructures éducatives comme un défi persistant et ont utilisé le programme pour améliorer l'accès à une éducation de qualité. ICI a aidé les communautés à construire ou à rénover les bâtiments scolaires. La Fondation a aussi construit et organisé des classes passerelles pour permettre aux enfants non scolarisés de rattraper les cours manqués. Elle a fourni des kits scolaires et a facilité l'accès aux certificats de naissance.

Ces interventions ont entraîné une augmentation de la scolarisation dans les communautés assistées en Côte d'Ivoire, selon une estimation de 69 % à 84 %. Ce qui correspond à une augmentation de 22 %. Au Ghana, où le taux d'inscription scolaire était de près de 100 % dans les communautés assistées et les communautés cibles au début du projet, il n'y a pas eu de changement significatif.

Des avantages de grande envergure au niveau communautaire

Les membres de la communauté ont joué un rôle central dans la conception et la mise en œuvre du programme de développement communautaire axé sur l'enfant. Les Comités de protection de l'enfance (CPE) ont travaillé avec les femmes, les hommes et les enfants de chaque communauté pour identifier collectivement leurs besoins et leurs priorités. En conséquence, les activités différaient d'une communauté à l'autre, mais comprenaient généralement l'amélioration des écoles et d'autres infrastructures clés, la sensibilisation aux droits de l'enfant, des cours d'alphabétisation pour adultes et le soutien aux petites entreprises. Le rapport d'évaluation externe montre comment ces activités ont entraîné de nombreux changements positifs dans les communautés aidées, par rapport à un groupe témoin.

Il est important de noter que les activités du programme de développement communautaire étaient destinées à tous les enfants d'une communauté, qu'ils travaillent ou que leur famille soit productrice de cacao. "Cette étude d'impact montre qu'une approche non ciblée, mise en œuvre sur plusieurs années, peut entraîner une diminution significative de la prévalence du travail dangereux des enfants et de sa gravité pour toute une communauté, et pas seulement pour les enfants et les ménages qui participent directement aux activités du programme", a expliqué Megan Passey, Responsable de la connaissance et de l'apprentissage à ICI. 

L'étude d'impact de ICI s'appuie sur des données provenant de 950 ménages dans 65 communautés, 41 en Côte d'Ivoire et 24 au Ghana. La taille relativement petite de l'échantillon, en particulier au Ghana, peut expliquer les raisons pour lesquelles nous n'avons pas pu observer des impacts statistiquement significatifs sur tous les indicateurs. Toutefois, l'ampleur de la réduction de la prévalence du travail dangereux des enfants en Côte d'Ivoire est comparable à celle constatée dans une étude à plus grande échelle réalisée par le NORC at the University of Chicago. Commanditée par la World Cocoa Foundation, l'évaluation de l'efficacité des interventions dans l'industrie du cacao du NORC a également révélé qu'une série d'interventions - y compris des approches de développement communautaire comme celle-ci, et des Systèmes de Suivi et de Remédiation du Travail des Enfants - mises en œuvre sur au moins trois ans, ont réduit de manière significative la prévalence du travail dangereux des enfants dans les communautés. 

Lire l'analyse complète (en anglais).

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