Les enfants ont le droit de participer aux décisions qui les concernent et les écouter est essentiel pour comprendre leurs aspirations, leurs priorités et les défis auxquels ils sont confrontés, ainsi que pour trouver des solutions appropriées.

En partenariat avec Nestlé, l'ICI a lancé des consultations avec des enfants et des adolescents âgés de 10 à 17 ans dans des communautés productrices de cacao au Ghana et en Côte d'Ivoire. Ces consultations visaient à créer un environnement dans lequel les enfants se sentaient en sécurité pour exprimer leurs opinions. En utilisant une série d'approches participatives adaptées aux enfants, nous avons exploré leurs perceptions et leurs expériences en matière d'éducation, de travail, de santé et de bien-être ; les défis auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne et nous leur avons demandé leurs idées sur la façon de les résoudre.

Principaux enseignements

Aspirations en matière d'éducation

Les enfants considèrent l'éducation comme une voie vers un avenir "meilleur", en particulier l'enseignement secondaire et supérieur. Mais beaucoup étaient également conscients des contraintes financières qui pouvaient les empêcher de poursuivre leurs études ou d'obtenir le métier de leurs rêves. 

"Je veux être infirmière. C'est parce qu'il n'y en a pas dans ma famille. Tous les membres de ma famille ont abandonné l'école. Je crois que je peux être infirmière si j'apprends dur. Mes parents en seront très fiers. Donc, en 2021, je suis déterminée à faire mieux." (Fille, 15 ans, Tweapease)

La plupart des enfants a une opinion positive de l'école, mais pas tous. Certains ne souhaitaient pas poursuivre leurs études, soit parce qu'elles étaient jugées inutiles pour leur carrière préférée, soit en raison d'autres défis auxquels ils étaient confrontés. Plusieurs enfants ont parlé de la violence des enseignants ou du travail des enfants qu'ils leur faisaient faire. D'autres ont exprimé un manque de soutien de la part de leur famille ou un manque de ressources financières.

Aspirations concernant le travail et l'emploi

Tous les enfants avaient des aspirations claires quant à ce qu'ils aimeraient faire dans le futur. Leurs réponses révèlent des préjugés liés à des choix de carrière traditionnellement masculins ou féminins. Les filles voulaient devenir infirmières, traiteurs et coiffeuses, tandis que les garçons préféraient le football, le carrelage et l'armée.

"Après avoir terminé le lycée, j'espère entrer à l'université et ensuite devenir soldat. Je sais que sans éducation supplémentaire, je ne peux pas devenir un soldat." (Garçon, 13 ans, Kwadwo Nkwanta)

Aucun des enfants ne voulait devenir cultivateur de cacao. Ils préféraient posséder une plantation de cacoa et employer d'autres personnes pour la travailler ou utiliser la cacaoculture comme source secondaire  de revenu en complément d'un emploi principal.

"Je ne veux pas devenir cacaoculteur comme mon père car le travail du cacao est difficile. Je veux devenir enseignant pour avoir de l'argent et pour aider mes parents." (Garçon, 17 ans, Takoréagui)

Perceptions du travail des enfants

Les consultations autour du travail des enfants ont révélé que de nombreux enfants étaient régulièrement engagés dans des travaux légers, à la fois à la maison et dans les exploitations agricoles, pour soutenir leurs parents ou leurs tuteurs. Si beaucoup ont fait part de sentiments négatifs à l'égard des défis posés par les travaux légers, ils ont également expliqué qu'ils leur permettaient de contribuer à leur foyer pour devenir des adultes responsables.

"Mes parents ne peuvent pas être là pour toujours. Je dois apprendre ce qu'ils m'enseignent à la ferme et à la maison pour pouvoir aussi m'en servir pour prendre soin de ma famille à l'avenir." (Garçon, 11 ans, Tweapease)

Les enfants étaient conscients de la différence entre les travaux légers et les travaux dangereux, mais ont expliqué qu'ils n'avaient souvent guère d'autre choix que de suivre les instructions de leurs parents.

Solutions proposées

"Pour empêcher les enfants comme nous de s'engager dans des tâches dangereuses dans les plantations de cacao, les parents doivent être éduqués sur les travaux dangereux." (Garçon, 15 ans, Tiémélékro)

Les enfants ont suggéré plusieurs choses qui pourraient améliorer leur situation, en ce qui concerne le travail, l'éducation et les services sociaux :

  • l'amélioration de la fourniture des services essentiels qui font souvent défaut dans de nombreuses communautés de cacaoculteurs, tels que les écoles, les cliniques, l'eau, la connexion mobile et les transports publics, ce qui affecte le bien-être social et économique de tous, en particulier des enfants.
  • que leurs parents leur permettent de se concentrer sur leur éducation plutôt que de leur demander de travailler dans les exploitations cacaoyères.
  • l'importance de la sensibilisation des parents/tuteurs aux problèmes du travail des enfants comme stratégie pour réduire leur implication dans les activités dangereuses du cacao.
  • l'amélioration de l'accès aux transferts d'argent, aux associations villageoises d'épargne et de crédit, aux kits scolaires, etc. qui rendraient leurs familles moins vulnérables lorsque les fonds sont limités.

Et ensuite ?

Ces consultations montrent que, lorsqu'ils en ont l'occasion et qu'ils bénéficient d'un environnement favorable, les enfants sont plus que capables de partager des solutions pertinentes et pratiques aux défis auxquels ils sont confrontés. 

Nous avons été rassurés d'apprendre que les priorités et les aspirations des enfants sont généralement bien alignées avec les types de soutien actuellement fournis dans les communautés de producteurs de cacao. Cependant, nous avons également appris que les enfants ont souvent besoin de plus d'informations sur les raisons pour lesquelles certaines activités ont lieu dans leurs communautés, qui est responsable de quoi, et où aller s'ils ont un problème.

Le personnel de l'ICI au Ghana a maintenant été formé aux principes de la participation des enfants et à l'utilisation de méthodes participatives avec les enfants. Nous utilisons ces résultats pour repenser la manière dont nous communiquons notre travail aux enfants et à leurs familles, ainsi que pour mieux intégrer les points de vue et les perspectives des enfants dans la manière dont nous concevons et mettons en œuvre les futurs programmes visant à améliorer leur vie et leur bien-être.