« Sur cette affaire de banque, j’ai hésité parce que je ne sais ni lire, ni écrire et j’ai été plusieurs fois grugée. (…) J’ai finalement accepté et j’ai reçu 350 000Fcfa. Avec cet argent et l’apport financier de mon mari, j’ai fait un champ d’igname et un champ de manioc. Maintenant, ça va ». Tels sont les propos de Valérie Sontoaho, mariée à un producteur de cacao, mère de 3 enfants et commerçante à Pinhou, une communauté cacaoyère située à 24 km de Téady, en Côte d’Ivoire

Membre de la Cellule Féminine de Renforcement Economique (CFREC) Aboussouan, elle expliquait comment le prêt de 350 000 Fcfa reçu de la microfinance et l’appui de son mari, à hauteur de 100 000 Fcfa, lui ont permis, non seulement, d’avoir une activité, mais aussi de les diversifier. Cela, alors qu’elle était réticente au départ. Aujourd’hui, davantage en confiance, elle assure que son avenir est positif grâce à la mise en place de la CFREC dans la communauté et à la bancarisation qui s’en est suivie : « Il n’y a plus de malentendus à la maison avec mon mari. Les enfants vont à l’école et je vois mon lendemain en rose », nous a-t-elle dit.

A l’origine de ce bond qualitatif dans la vie de famille de Valérie Sontoaho, le projet Village Savings and Loans Association (VSLA) ou Association Villageoise d’Epargne et de Credit, organisé avec l’appui de Nestlé. Ce projet est axé sur l’autonomisation de la femme, le soutien à la création d’activités génératrices de revenus et à l’augmentation de l’accès aux services financiers adaptés aux besoins des femmes vivant dans les communautés cacaoyères de Côte d’Ivoire. Et le moins qu’on puisse dire, sa mise en place dans des communautés a eu un impact positif dans la gestion quotidienne des ménages qui y ont adhéré.

Woman posing next to her stall
Woman posing next to her food stall
Woman posing next to her food stall
Woman posing next to her stall

De la CFREC à la bancarisation

A l’espace affrété pour la circonstance à Assemanou, une communauté cacaoyère située à 44 km d’Abengourou, se tient comme de coutume, tous les mardis, la réunion de la CFREC dénommée Moayé et réunissant trente femmes. Assises en cercle, elles égayent la réunion par des rires, tout en expliquant comment la bancarisation avec l’obtention des prêts a donné un coup d’accélérateur à leurs activités respectives. C’est le cas de Kaboré Djénébou, présidente de ladite CFREC. Elle qui, pourtant, avait « peur » de la bancarisation. De son refus de demande de prêt en raison d’une méconnaissance du système, Djénébou est devenue, aujourd’hui, une fervente sensibilisatrice de la bancarisation auprès des femmes : « Au début, j’avais peur. ; Mais plus tard, à l’instar des autres femmes de la CFREC, j’ai pris un prêt de 150 000Fcfa. Avec cet argent, j’ai fait un champ de maïs et d’arachide. Nous avons toutes remboursé ces emprunts avant le délai des 6 mois fixé », a-t-elle affirmé.

Fort de cette première belle expérience, les femmes de la CFREC Moayé ont émis le désir auprès de la microfinance de l’octroi d’un second prêt : « Ce sont les mêmes femmes qui ont dit que le premier crédit était insuffisant. Il était donc question pour la seconde phase de l’octroi de crédit, qu’il soit revu à la hausse. Plutôt que les 2 millions de Fcfa du premier cycle, nous avons obtenu cette fois-ci 3,750 millions de Fcfa de crédit au second cycle. Pour ma part, j’ai pris 550 000Fcfa. Aujourd’hui, il y a une confiance entre la banque et nous (…) la Fondation ICI nous a beaucoup aidées. On la remercie ». Avec cet important prêt reçu, Djénébou a diversifié ses activités, notamment dans la vente d’assiettes, de draperie, de chaussures, d’ustensiles de cuisine, des marchandises dont elle s’approvisionne à Abidjan (Adjamé). « Ça marche bien surtout pendant la traite de cacao.  Il y a eu un changement dans notre vie. Avant, les femmes du village n’avaient pas d’activités, mais aujourd’hui, elles sont toutes réveillées. Je poursuis également mon champ de maïs et d’arachides. J’ai également fait un champ de manioc et d’hévéa. Pour le maïs que je récolte, une partie sert au commerce. Je vends le sac à 17500Fcfa et ça marche. Pour la première production, j’ai eu plus de 100 000Fcfa comme bénéfice », a-t-elle ajouté.

Several women sitting in chairs during a VSLA meeting
Group of women sitting in circle during a VSLA meeting
Group of women sitting in circle during a VSLA meeting

L’implication des hommes

Aussi remarquable que cela puisse être, les hommes ne se sont pas en reste en ce qui concerne le dynamisme des CFREC. Ils jouent un rôle important. Ils soutiennent leurs épouses, leur donne les conseils parfois en apportant également une contribution financière : « A Assemanou, les femmes avaient peur de travailler avec l’argent. On les a encouragés à prendre des crédits à la banque. Certaines font le commerce sur des tables, d’autres se promènent dans les ménages pour vendre. Ici nous donnons beaucoup de conseils aux femmes », a laissé entendre M. Sawadogo Adama, producteur de cacao, père de 8 enfants et marié à Sawadogo Djénéba, membre de la CFREC. D’autres femmes bénéficient d’un apport additif de leurs époux pour la réalisation de leurs activités, comme cela l’a été avec Valérie Sontoaho (citée plus haut) et qui a bénéficié d’un appui de 100 000Fcfa de la part de son époux.

 

L’importance de la bancarisation

Selon M. Roland Kouassi, Responsable du projet à la fondation ICI, la bancarisation à ce jour est importante pour deux raisons. Premièrement, elle règle la question de la sécurisation des fonds des femmes et deuxièmement, elle facilite l’obtention de fonds plus importants pour entreprendre des activités diverses et plus rentables. « Certaines sont à leur second cycle et nous nous réjouissons de l’appropriation du projet par les femmes », a-t-il dit avant d’émettre des perspectives avec la mise en place d’un programme d’alphabétisation pour ces braves dames.

Woman putting money into the VSLA coffer
Group of VSLA women pose
Group of VSLA women pose
VLSA coffer