Huit écoles pour trente-six salles de classes construites par Cargill et ses partenaires (Mars Wrigley et Hershey), ont été officiellement remis aux communautés du 16 au 24 mars dernier, mettant ainsi fin aux souffrances des enfants.  Car, pour ce qui est de la souffrance, il y en a eu, si l’on s’en tient aux témoignages recueillis.

« Quand j’ai reçu ma mutation et que je suis venu faire la passation, je n’étais pas content. Le directeur faisait ses réunions dans une salle de classe poussiéreuse, sans porte, sans fenêtre et avec un tableau peu adapté. A partir d 15h30, la classe était sombre. Sur le site de l’école, il y avait des appatams et très souvent, il y avait des serpents accrochés, les enfants fuyaient, moi aussi (…) ». Tels sont les propos de Séri Bruno, directeur de l’école, l’école primaire publique (EPP) Brou N’Guessankro (Sous-préfecture d’Okrouyo, Soubré, Côte d’Ivoire) et enseignant de la classe de CP1.

Il évoquait ainsi le calvaire que les enfants et lui vivaient avant la construction de la toute nouvelle école par Cargill et son partenaire Mars Wrigley, mis en place par ICI. Une école constituée de trois salles de classe, d’un bureau de directeur, d’un bloc de trois latrines et d’une cantine scolaire. C’est un bâtiment qui s’impose, tant par son architecture que par ses couleurs. Cette belle école vient en ajout de la pompe hydraulique villageoise qui a été construite peu avant pour la communauté de ce village situé à près de 53km de Soubré.

Ainsi donc, il y a quelques semaines, Brou N’Guessankro a été le top départ d’une série d’inauguration des écoles et cantines construites par Cargill dans les départements de Soubré, de Daloa et de Bonon. Précisément à Loafla (Bonon), Ouarebota (Bonon), Bolouguhé (Daloa), Léonkro (Daloa), Kambelesso (Daloa), Lolinzo (Daloa), Yokorea (Daloa). Toutes des communautés cacaoyères dans lesquelles ICI intervient avec Cargill et ses partenaires à travers la mise en place de plusieurs actions de remédiation dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture. Pour apprendre plus sur comment l’éducation peut lutter contre le travail des enfants – lire cet article.

Le calvaire des parents et des enfants

Kouassi N’Guessan Lambert vit à Brou N’Guessankro. Producteur de 4 ha de cacao, il a deux femmes et deux enfants, N’guessan Adjoua Anicette, et N’guessan Salomon, tous deux en classe de CM2 et scolarisés à l’EPP Brou N’Guessankro. Il revient sur de douloureux souvenirs : « Avec l’ancienne école, on a beaucoup souffert. On coupait le bois (planches) pour construire les classes. On a aussi commencé à construire un bâtiment, qui est inachevé, pour permettre à nos enfants d’aller à l’école et d’avoir plus de chance que nous ». En effet, outre l’école de fortune, faite de planches en bois et de bâches, trois salles de classe peu aérées, inachevées, faute de moyens financiers, a été construites par la communauté elle-même. Comme l’a indiqué Madame Goué Ponon Victorienne, mère de Marcelle Yobo, une écolière âgée de 11 ans et en classe de CP1 à la nouvelle école à Ouarebota (sous-préfecture de Bonon) : « Les enfants étaient sous l’appatam, ils souffraient et quand il pleuvait, la bâche (Toiture de fortune) s’envolait », nous a-t-elle dit avant d’affirmer être heureuse de voir une nouvelle école spacieuse et aérée.

Les risques pour les enfants, il y en avait. Pour se soulager par exemple, les enfants allaient dans la brousse: « Les enfants se soulageaient sous les cacaoyers. Il y avait beaucoup de risques à cause des scorpions et des araignées poilues », nous a confié Kouassi Ahou Pauline, épouse de Kouassi N’Guessan Lambert. Les enfants pouvaient également être visités par les serpents dans leurs salles de classes de fortune : « Il y avait des serpents qui passaient, on avait peur et on sortait. Une fois, il y a eu un tourbillon qui a enlevé la bâche », indique Marcelle Yobo.

Pour les parents de Diallo Assatou, écolière âgée de 12 et en classe de CM2, la construction de l’école a allégé leurs dépenses. « On ne prend plus de crédit. Auparavant, à chaque fois que la bâche de l’école tombait, on nous demandait de cotiser pour la changer », nous a dit Diallo Mamadou Korka, père d’Assatou.

L’engouement des parents pour la scolarisation des enfants

S’il y a bien un fait sur lequel les directeurs d’école sont unanimes, c’est bien l’engouement que les nouvelles écoles vont susciter chez les parents dans la région pour la scolarisation de leurs enfants à la prochaine rentrée scolaire. A Brou N’Guessankro par exemple, de 202 élèves l’année académique dernière, l’on est passé à 250. « C’est un sentiment de joie qui m’anime, on n’a pas envie de partir. Pour la rentrée scolaire prochaine, la demande sera très forte », a déclaré pour sa part le directeur de l’EPP Brou N’guessankro. A Ouarebota, de 34 élèves en 2018, l’on est en 2022 à 146 élèves avec les classes de CP1, CP2, CE1 et CE2 disponibles  « En 2019, quand il pleuvait, on cherchait à sauvegarder les cahiers des enfants. Car souvent la bâche qui servait de toiture était décoiffée. Aujourd’hui, les parents qui ont vu la nouvelle école ont ramené ici leurs enfants qui fréquentaient à Blablata, le village voisins » a affirmé le directeur de l’école, Brou Kimou Félix.

La joie des enfants

Les enfants ; pour leur part, sont heureux d’avoir une nouvelle école. Marcelle Yobo Djenan, élève en classe de Cp2 à Ouarebota, qui rêve plus tard de devenir une enseignante témoigne : « La nouvelle école est bien, elle est propre. J’aime beaucoup les tableaux et les affichages ».

Dans leur majorité, ils apprécient surtout les belles couleurs de leurs nouvelles écoles et leur tableau neuf, « plus clair », « plus joli », « plus visible » et qui constitue une différence de taille avec les tableaux de leurs anciennes écoles. « Dans l’ancienne école, le tableau était gâté. On ne voyait pas ce que le maitre écrivait au tableau. Dans la nouvelle école, les bancs sont jolis, le sol est joli », a affirmé Touré Dofinga, élève en classe de CM2, à l’EPP Seifla à Lonlinzo. Il est âgé de 15 ans et rêve de devenir Président de la République.

Comme l’a indiqué Sonia Lobry, chargée de la Protection de l’enfance à Cargill, lors des différentes inaugurations qui a réuni les autorités locales, coutumières et les partenaires Mars Wrigley et Hershey : « Cargill œuvre pour les communautés productrices de cacao ». C’est la raison pour laquelle, « nous sommes engagés pour le respect du droit des enfants et de l’autonomisation des femmes ». A ce sujet, lors des remises symboliques des clés des écoles à Brou N’Guessankro, Ouarebota et Lolinzo, Cargill a remis un équipement destiné aux femmes dans le cadre des Activités Génératrices de Revenus (AGR). Ledit matériel se composait de bâches, des broyeuses, des tricycles et de lots de chaises. Pour Hershey's, l'investissement dans l'éducation est essentiel : " Dans le cadre des efforts de The Hershey Company pour éliminer le travail des enfants, nous cherchons à prévenir le travail des enfants en supprimant les obstacles à leur scolarisation. Grâce à notre stratégie "Cocoa For Good", nous investissons dans des initiatives et des actions, notamment la construction d'infrastructures éducatives, qui facilitent l'accès des enfants à l'éducation et la poursuite de leurs études", a déclaré Tim McCoy, directeur des partenariats dans le secteur du cacao chez Hershey.