«  Il y a plusieurs années en arrière, ignorante que j’étais, je m’exposais ainsi que ma famille aux pesticides. Sans équipements de protection je manipulais les produits et réutilisais les récipients vides pour y conserver du sel de cuisine.Depuis la formation reçue, j’ai pris conscience des dangers encourus. Désormais, c’est l’applicateur, muni de son équipement qui est chargé de pulvériser les produits et nous éloignons du village et des maisons les récipients vides  ». 

Tels sont les propos de dame Teih Véronique, Présidente de l’Association Villageoise d’Épargne et de Crédits (AVEC) de Tiapleu, (Man),après la formation sur la protection des enfants contre l’exposition aux pesticides initiée par la Fondation ICI à laquelle elle a pris part. 

Cette formation intervient dans le cadre du projet pilote de sensibilisation des communautés sur les risques sanitaires liés à l'exposition des enfants aux pesticides. Il vise à informer les groupements ciblés, des bonnes pratiques pour minimiser les risques, telles que l’utilisation d’équipements de protection, la manipulation sécurisée de pesticides et les mesures de précaution à prendre « pour assurer et garantir une meilleure protection des enfants », a laissé entendre Fernande Ehui, Spécialiste santé environnementale à la Fondation ICI. 

De ces formations par localité, les témoignages sont pluriels et poignants à l’instar de Clémentine Tan et Chantal Sadia, respectivement présidentes de l’AVEC de Saguipleu  et Oulaïglêpleu, toujours dans les localités de Man. « Toutes les fois que mon mari manipulait les produits, il se plaignait de brûlures sur le corps et mes enfants étaient souvent malades les jours suivants. Depuis que nous mettons en pratique ce qui nous a été enseigné, les choses vont de mieux en mieux.» nous a confié dame Sadia et ce, plus de six mois après la formation qu’elles ont reçu pendant la phase 1 du projet initié en octobre 2024 dans les régions du Tonkpi et du Guemon par la Fondation ICI et ses partenaires.  

Outre les AVEC, les Groupements de Services Communautaires (GSC) qui constituent une main d’œuvre adulte, ont bénéficié des formations. Et pour la plupart d’entre eux, l’équipement de protection reste le préalable à toute utilisation voire manipulation des pesticides. « Toutes ces formations dont j’ai été bénéficiaire m’ont ouvert les yeux sur les conséquences des pesticides sur ma santé et celle des miens. Je me sentais malade toutes les fois que je pulvérisais les pesticides dans les champs. En réalité je ne me protégeais pas ». révélaDié Achille Ileu, Responsable du GSC de Tiapleu.  


Qu’est-ce que les Groupes de Services Communautaires ? 

Les Groupes de Services Communautaires (GSC) sont des groupes de travailleurs et travailleuses composé·e·s d’adultes formé·e·s et équipé·e·s qui fournissent des services agricoles à un prix abordable. Les groupes offrent des services à crédit, ce qui signifie que les familles productrices ne paient qu’après avoir vendu leur production. Les GSC sont encouragés à diviser en trois l’argent qu’ils gagnent en fournissant des services : un tiers est partagé entre les membres du groupe, un tiers soutient des activités dans la communauté qui profitent aux enfants, et un tiers est consacré à l’entretien, à l’achat d’équipement et à la formation continue, assurant ainsi la durabilité du groupe. 


Exposé au produit, il pouvait parfois l’inhaler et conservait le reste du liquide inutilisé. « Avec mes amis du GSC, je peux prendre ces quelques engagements notamment porter obligatoirement les équipements de protection et nous faire le relai de la sensibilisation de nos parents afin d’éviter les conséquences liées aux pesticides » a-t-il conclu.  

Si les membres des GSC et AVEC ont su tirer profit de ces renforcements de capacités, c’est aussi grâce à l’implication des autorités coutumières. Sous leur instigation, des griots sont commis pour une sensibilisation hebdomadaire des habitants desdits villages sur les bonnes pratiques liées à l’utilisation des pesticides. Par exemple, Jean Pierre Oulaï, chef du village de Tiapleu a fait construire hors du village, un magasin pour y stocker les pesticides, loin de la portée des enfants et des femmes enceintes. « Vous pouvez vérifier à travers les rues du village et dans chaque maison, vous n'y trouverez aucun récipient ou sachet de pesticides » a-t-il affirmé.   

Notons qu’une approche à l'endroit des membres des GSC, a enregistré la formation théorique et pratique de plus d’une vingtaine de membres des GSC de Tiapleu et de Saguipleu, les 25 et 26 mars 2025, sur l'utilisation responsable des pesticides afin d'optimiser la protection des enfants. La première phase du projet quant à elle, a vu la participation de plus de 250 membres de 10 AVEC. 

La classification des pesticides, leur toxicité, les moyens d’utilisation responsable des produits agrochimiques et les gestes de premiers secours en cas d’exposition, sont entre autres les modules de cette formation avancée. La fondation ICI, pour joindre l’acte à la parole à mis à la disposition des localités du projet pilote, du matériel composé notamment d’équipements de protection (combinaisons, cache-nez, lunettes, paires des gants…),  et de pulvérisation.  

Pesticides training
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